ESPACE
Faire de la philosophie en Guyane

Le Carbet Philo n°1 : « L’autorité », par Agnès PIGLER

Cette intervention s’appuie sur deux ouvrages majeurs :

  • Myriam REVAULT D’ALLONES, Le pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité, éd Seuil, Paris, 2006
  • Reinhart KOSELLECK, L’expérience de l’histoire, éd. Gallimard/Points Seuil, Paris, 1997

Intoduction

Il est courant aujourd’hui de déplorer la perte de l’autorité. Il est aussi manifeste que certains nous exhortent à la restaurer, à la rétablir dans son état, dans sa considération, dans son estime dont elle devrait, encore aujourd’hui jouir.
Restaurer l’autorité c’est donc tout à la fois revenir à un paradigme perdu et regagner une reconnaissance qui fait défaut.
Or, il semble bien que nous ne puissions jamais retrouver les paradigmes perdus et que si la reconnaissance fait défaut, il importe en premier lieu d’en rechercher la ou les raisons.
Or, et c’est sans doute l’objet de notre débat aujourd’hui, si des philosophes, des pédagogues, des sociologues, des politiques et même la société civile nous invitent à restaurer l’autorité, c’est qu’il y a un sérieux malentendu sur cette notion. Ces appels à la restauration de l’autorité sont incontestablement des appels à réintroduire dans ce concept ce qu’il n’a jamais contenu, à savoir : de la coercition, de l’ordre voire de l’obéissance.
L’autorité n’est pas « tout ce qui fait obéir les gens ». Elle n’est pas un pouvoir, ni l’instrument d’un pouvoir, elle n’est pas non plus ce qui permet, suivant l’étymologie du terme « autorité », d’augmenter la domination du pouvoir, même si le pouvoir s’habille souvent du vêtement de l’autorité.
Et si l’autorité ne se confond pas avec le pouvoir c’est qu’elle n’a nul besoin de s’affirmer sur le mode que l’on dit volontiers « autoritaire ».
Il nous revient donc, tout premièrement d’analyser cette confusion du sens commun au sujet de l’autorité et, pour ce faire, dire ce qu’est l’autorité. Ce sera notre 1° point.

A partir de cette analyse de ce qu’est l’autorité, il nous faudra définir ce que signifie réellement « la crise de l’autorité », quels en sont les enjeux pour nos sociétés modernes, quels en sont les dangers pour nos démocraties et ce sera mon 2° point.

Et enfin, je terminerai ce tour d’horizon de l’autorité par l’idée d’autorité comme transmission, ce sera mon 3° et dernier point.

Les auteurs qui seront requis pour m’aider dans cette recherche sont Arendt et Diderot, bien sûr, mais aussi, Myriam Revaut d’Allones, dont j’ai suivi ici les analyses, Alexis de Tocqueville, Kant, Lévinas et bien d’autres que j’aurai l’occasion de citer au fur et à mesure de cette discussion.

1) Qu’est-ce que l’autorité ?

L’autorité, d’après Hannah Arendt, ne nous vient nullement de la Grèce antique et encore moins des philosophes grecs Le monde qui nous renseigne le mieux sur l’idée d’autorité est encore le monde romain. Pour cette philosophe, le contexte de la fondation et de la légitimation de la politique romaine est le terreau sur lequel le concept comme la notion d’autorité fait son apparition. C’est ce qu’elle explique dans le texte suivant :

« Au cœur de la politique romaine, depuis le début de la république jusqu’à la fin de l’ère impériale, se tient la conviction du caractère sacré de la fondation, au sens où une fois que quelque chose a été fondé il demeure une obligation pour toutes les générations futures. S’engager dans la politique voulait dire d’abord et avant tout conserver la fondation de la cité de Rome. […]
 Ici religion voulait dire littéralement re-ligare : être lié en arrière, obligé à l’effort énorme, presque surhumain et par conséquent toujours légendaire pour poser les fondations, édifier la pierre d’angle, fonder pour l’éternité. […] Le pouvoir de la fondation elle-même était religieux […] »

Le mot auctoritas dérive du verbe augere, augmenter, et ce que l’autorité ou ceux qui commandent augmentent sans cesse c’est la fondation. Les hommes dotés d’autorité sont les anciens, ceux qui siègent au Sénat et qui ont obtenu l’autorité par héritage et par transmission de ceux qui ont posé les fondations de toutes choses à venir, les ancêtres, que les romains appelaient les maiores. L’autorité des vivants est toujours dérivée, dépendante des auctores imperii Romani conditoresque, selon la belle formule de Pline, c’est-à-dire de l’autorité des fondateurs de Rome qui ne sont plus parmi les vivants. L’autorité, au contraire du pouvoir, a ses racines dans le passé, mais ce passé n’est pas moins présent dans la vie réelle de la cité que le pouvoir et la force des vivants. La puissance de Rome repose sur l’antiquité de ses mœurs et sur la vaillance de ses hommes, dit un proverbe latin. Mais la caractéristique la plus frappante de ceux qui sont en autorité est qu’ils n’ont pas de pouvoir : « tandis que le pouvoir réside dans le peuple, l’autorité appartient au Sénat », nous dit Cicéron.
Comment expliquer une telle formule ? L’autorité, c’est l’augmentation que doit ajouter le Sénat aux décisions politiques, ce n’est pas le pouvoir. Mais le caractère « autoritaire » de l’augmentation des anciens se trouve dans le fait qu’il est un simple avis, ce n’est ni un ordre, ni une injonction, et, pour se faire entendre, il n’a nul besoin de recourir à une force ou une contrainte extérieure.
Cette définition de l’autorité est toujours d’actualité. En effet, si le pouvoir requiert l’obéissance, l’autorité, quant à elle appelle la reconnaissance, et, à cet égard, elle se différencie toujours de la contrainte et de la force, mais elle se différencie aussi de la persuasion. L’autorité exclut les moyens de coercition, mais aussi la persuasion qui utilise les moyens de la rhétorique, laquelle suppose une relation entre égaux. L’autorité ne repose donc ni sur le pouvoir ni sur la raison commune. Dans la relation d’autorité, ce qui prévaut c’est la dissymétrie, et chacun reconnaît la légitimité de cette relation dissymétrique.
Qu’est-ce que cette dissymétrie non hiérarchique ? non hiérarchique car elle n’est pas du type commandement/obéissance, elle n’est pas un rapport de domination. Mais elle est dissymétrique car la légitimité du rapport d’autorité tient à une prééminence, à une supériorité de celui qui l’exerce.
Mais ce n’est pas tout, car, même si la modernité a massivement récusé toute autorité transcendante ou relevant de la tradition, que la modernité a cherché son fondement en elle-même, il faut alors adhérer à la fable de l’autonomie des individus qui conduit inexorablement à la perte de toute instance légitimante. Ainsi, dans un monde où règne l’arbitraire des subjectivités, seul vestige de l’accord des volontés individuelles, la modernité a fait disparaître toute référence à un tiers, qu’il soit transcendant ou issu de la tradition. La passion de l’égalité dans nos démocraties ne souffre aucune dissymétrie et l’on peut alors se demander à juste titre ce qui fait encore autorité ?

2) Que signifie réellement « la crise de l’autorité » ?

La « crise de l’autorité » ne date donc pas d’aujourd’hui, elle est née en même temps que la modernité, elle lui est, pour ainsi dire, consubstantielle. Evidemment, les définitions de la modernité sont aussi diverses que flottantes. Mais ce sur quoi on peut sans doute s’accorder c’est que la modernité est née d’un arrachement à la tradition et au passé. De plus, la modernité répond à une volonté d’auto fondation rationnelle et d’auto fondation politique, car les 2 sont inséparables et revendiquent une légitimité qui se détache de la tradition et du passé, non sans violence d’ailleurs.
Rappelons, pour s’en persuader, le Cogito cartésien qui est un cri de révolte contre la tradition, celle de l’Ecole, celle de la famille, celle de la religion. Le « je pense donc je suis » de Descartes, est la signature de l’auto fondation du moi. Plus claire encore ces formules cartésiennes qui disent « ce n’est pas mon père et ma mère qui m’ont fait (créer) pour autant que je pense », ou encore, et c’est la une dépréciation de la tradition sans appel « j’ai la religion de mon roi et de ma nourrice ».
La crise se définit donc, premièrement, en terme d’autorisation. Puisque l’augmentation par la tradition et le passé est battue en brèche par les principes mêmes de la modernité, demandons-nous de quoi s’autorise un énoncé, un pouvoir, plus généralement une institution, pour entrainer sa reconnaissance et sa légitimité ? Si la source de l’autorité, qu’est la tradition, est interrompue, la modernité aurait-elle inventé une nouvelle figure de la transcendance pour remplacer la tradition ? Ou alors, si la transcendance a totalement disparue, l’autorité a-t-elle sombrée avec elle ? C’est ce qu’affirme l’article « autorité » de l’Encyclopédie de Diderot, même si cet article porte plutôt sur l’autorité politique, l’analyse que fait Diderot concerne les raisons du rejet de l’autorité en matière de politique et, plus globalement, en matière de connaissance. Ce qui signifie qu’il ne faut admettre que ce qui s’impose à la raison : on le voit, le fondement de l’autorité s’est déplacé et même détourné du poids de la tradition et de l’héritage des Anciens vers la capacité d’autonomie et d’autoréflexion. Ce n’est pas autre chose que dit Kant au & 40 de La critique de la faculté de juger, énonçant l’une des 3 maximes qui doivent normer l’exercice du jugement : écarter ce qui relève du pré-jugé, du jugement non fondé. Du coup cette maxime kantienne : « penser par soi-même sans préjugés » est celle d’une raison qui n’est jamais passive et, continue Kant « on appelle préjugé la tendance à la passivité c’est-à-dire à l’hétéronomie de la raison ». C’est donc là le leitmotiv de toute l’Aufklärung : n’admettre aucune autorité mais se soumettre seulement au tribunal de la raison. Et ce leitmotiv récuse la valeur absolue de la tradition. C’est ce que dit aussi Gadamer : « l’ultime source de toute autorité ce n’est pas la tradition mais la raison » (Vérité et méthode ), et plus loin, dans le même ouvrage « ce qu’il importe de combattre c’est précisément ce faux parti-pris en faveur de ce qui est ancien, en faveur des autorité ».
Que dire d’un tel désaveu ? Cela signifie-t-il que l’autorité ne peut plus s’enraciner dans la force instituante de la tradition , Qu’elle ne peut plus s’augmenter du passé ? Qu’il y aurait une forme de vétusté propre à l’autorité et qui aurait été battue en brèche par la modernité dès son avènement ?
Il est vrai qu’aujourd’hui nous ne sommes plus dans la situation où l’autorité prenait appui sur le passé, fût-il immémorial, imaginaire, intemporel, atemporel, historique ou mythique, la crise de l’autorité c’est la rupture du fil de la tradition. La Parque de la modernité, en rompant le fil du passé et de la tradition, a d’abord provoqué une crise de la temporalité qui est celle de l’autorité.
Cette crise n’affecte évidemment pas que le politique, mais aussi les sphères pré-politiques telle que l’éducation : là où l’autorité, directement soutenue par l’irréductible dissymétrie des générations se donnait, comme une évidence, l’enracinement temporel. En matière d’éducation il allait de soi que les enfants, nouveaux venus dans un monde qui leur est étranger et qui leur préexiste, ne pouvaient y être introduit que par leurs prédécesseurs adultes (parents, éducateurs) et que ces derniers assumaient la double responsabilité du développement de l’enfant et du maintien du monde. Aujourd’hui, cette double responsabilité se fait dans un monde qui n’est plus structuré par l’autorité ni enraciné, retenu, dans et par la tradition. Un monde qui, comme l’écrivait Tocqueville il y a déjà plus d’un siècle : « dans lequel je remonte de siècle en siècle jusque dans l’Antiquité la plus reculée, je n’aperçois rien qui ressemble à ce qui est sous mes yeux. Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ». Dans les Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand écrivait, avec une formule saisissante, à peu près la même chose que son contemporain Tocqueville : « Le monde actuel, le monde sans autorité consacrée, semble placé entre deux impossibilités : l’impossibilité du passé et l’impossibilité de l’avenir. »
Ainsi, le monde de Tocqueville et de Chateaubriand, qui succède à l’arrachement violent de la Révolution, n’est plus tout à fait celui où s’est inaugurée la modernité (le rationalisme triomphant du sujet cartésien puis de la philosophie des Lumières), et il n’est pas non plus le nôtre, celui de l’hyper ou de l’ultra modernité.
Si l’autorité, dans sa positivité vécue, renvoie à un monde qui n’existe plus, puisque nous avons rompu avec ce monde, puisque l’autorité n’est plus fondée sur la tradition, devons-nous faire le triste constat, avec Hannah Arendt, que cette crise de l’autorité a entrainé une déstabilisation du monde à laquelle il ne semble plus possible de remédier ? C’est une question que nous aurons à débattre si vous le voulez bien.

3) L’autorité comme transmission

Si l’on prête attention à la fin de la phrase de Chateaubriand, on s’aperçoit que l’auteur parle aussi d’une impossibilité de l’avenir. Ce que Chateaubriand constate avec une acuité un peu hors du commun, est que la perte d’autorité est due non seulement à la défection du passé mais aussi à celle du futur. Tentons d’expliquer cela.
Cette impossibilité de l’avenir, dont parle Chateaubriand, repose sur l’idée implicite que l’idée de modernité est liée à l’instauration d’une certaine représentation historique, de l’attente d’un avenir possible. Avec l’avènement de la modernité, l’homme se comprend et comprend le monde sur le mode historique. L’agir, l’action de l’homme, s’inscrit dans une orientation temporelle qui permet de penser que le futur exerce, lui aussi, une autorité, que les modernes ont basculé de la tradition à la transmission.
Pour comprendre ceci, faisons un bref retour en arrière : l’idée que le devenir historique a une valeur vient de ce que l’homme a transformé totalement son monde : par la destruction du cosmos, par l’infinitisation de l’univers, et, conséquemment, la place et le statut de l’homme dans ce système. Ainsi, se tourner vers l’horizon de l’histoire est une manière, la seule peut-être, pour l’homme de répondre à l’incertitude absolue dans laquelle il se trouve et qui ne peut être conjurée que par une extrapolation vers l’avenir. Ainsi, par exemple, l’idée de progrès, si caractéristique de l’historicité moderne, na saurait être la pure et simple transposition de l’espérance eschatologique, c’est-à-dire de l’espérance de la réalisation des fins ultimes. Le progrès est, au contraire de cette attente anhistorique, lié aux potentialités de ce monde et à l’activité propre de l’homme qui tente de le réaliser. Ainsi, le rapport à l’avenir est différent : l’histoire peut apparaître prévisible en tant qu’elle est faite par l’homme. Il faut donc que l’homme soit l’auteur de son histoire pour affirmer la possibilité d’un progrès issu de son action. C’est très précisément ce que signifie l’autorité du futur, elle oriente l’action et lui donne un sens. L’historicité de l’homme est donc liée au projet et le présent s’organise en fonction de l’avenir. Par là, la modernité creuse l’écart temporel entre le passé et l’avenir de sorte que les acquis du passé, l’espace d’expérience, apparaissent beaucoup plus éloignés que les attentes et les aspirations du présent. L’histoire n’est donc plus à penser mais à faire, elle est le processus même de la réalisation de l’homme parce qu’elle est l’histoire de l’homme auteur (le même mot : augere a engendré l’autorité et l’auteur) de lui-même.
On le voit, et nous pourrons en discuter, la question du temps est primordial dans l’analyse de l’autorité. La notion de transmission, liée à l’autorité, est celle la même qui est née de la modernité, cette modernité qui s’arrache au passé assimilé à la tradition. La modernité a rompu l’argument d’autorité, elle revendique l’auto fondation de la raison comme l’auto institution de la société. C’est ce rejet de la tradition qui pousse la modernité à se projeter vers l’avenir et le nouveau garant de cet avenir est la transmission. Et c’est bien à partir du moment où l’homme se pense comme un être historique, doté d’un projet historique, qu’il autorise son action de la projection dans le futur. Evidemment, c’est difficile à comprendre, tant nous sommes déterminés à penser que l’autorité nous vient d’un héritage qui procède du passé. Nous ne sommes guère familier d’une pensée qui renverse la perspective temporelle pour faire de l’avenir ce qui augmente l’autorité, c’est-à-dire ce qui se dessine comme un horizon de sens pour nos actions.
Mais même cette idée d’autorité du futur s’est effondrée avec la perte de la foi dans le progrès. Ce qui ne signifie nullement, à mon avis, que cette autorité du futur n’a plus de sens, mais qu’encore une fois, elle a changé de sens. L’idée de progrès contenait en elle-même l’idée d’un avenir qui s’accomplit, c’est cette idée d’accomplissement qui a disparu de l’autorité du futur contemporaine. Je m’explique : resituons l’autorité dans la temporalité : nous partageons un monde commun non seulement avec nos contemporains, mais encore avec nos prédécesseurs et nos successeurs. En ce sens, l’autorité est une force instituante en tant que capacité dynamique de l’action. Elle est le principe même du lien humain car nous ne pouvons pas vivre dans un monde sans autorité. Mais il ne faut pas réduire l’autorité à ses formes révolues puisque ces formes sont en contradiction même avec l’idée de modernité et elles sont devenues problématiques dans un monde régi par la passion de l’égalité démocratique. Ecoutons encore une fois Tocqueville qui, dans son ouvrage De la démocratie en Amérique, nous met en garde sur cette passion de l’égalité démocratique qui nous fait perdre le lien avec les générations passées, avec les générations futures et même avec nos contemporains. Nous devons renouer avec le passé en le vivifiant et non en le considérant comme une chose pétrifiée. Et même si les horizons d’attentes, tels que le progrès pouvait nous en donner, ont disparu, il nous faut en inventer d’autres, car sans eux on ne peut tout simplement pas orienter l’action.
Mais nous ne sommes pas dans une impasse, car il nous appartient de rencontrer et de retenir différemment la passé (un passé qui ne coïncide plus avec le dépôt de la tradition et pour lequel il faut avoir de nouvelles oreilles) et d’imaginer un avenir indéfini. L’autorité de la tradition est bel et bien révolue, mais la tradition de l’autorité, celle des commencements, est toujours une source vive.
La question est posée, à nous et aux générations futures : comment l’autorité, dégagée des confusions qui en ont obscurci le sens et la portée, peut aujourd’hui éclairer l’homme et son histoire, son action et son être ensemble, en s’augmentant des potentialités inachevées et en revivifiant un passé jamais mort réserve de sens inépuisable et du caractère imprévisible d’un avenir ouvert .