Nous publions ci-après l’intervention de M. Leo Déidda, professeur de philosophie au lycée Félix Éboué, lors du carbet philo du 7 décembre dernier qui s’intitulait "Kant et la métaphysique : une critique du dogmatisme métaphysique".

Kant et la métaphysique : une critique du dogmatisme métaphysique

Kant est celui qui fait de la métaphysique un problème ; il s’interroge sur la portée réelle de la connaissance, c’est-a-dire sur la possibilité même de la métaphysique, sur ce que je peux, tout simplement savoir. Il y a un livre dont le projet est de questionner cela, c’est la Critique de la raison pure. Kant voit la métaphysique comme un champ de bataille à la différence de la physique, ou de la science, et il veut apporter un temps de paix. Avec Newton, on change de monde. Ce qui se passe avec l’immense réussite de Newton : la science est faite, c’est-à-dire qu’elle est hors de discussion, que la physique newtonienne n’est pas discutable, ou, discutée, en ses principes et conséquences. Elle est vraie et c’est tout, sans plus avoir d’autres physiques à coté d’elle. Ce n’est pas le cas au XVIIè siècle (physique de Leibniz qui s’oppose à celle de Descartes- et Galilée). On peut toujours discuter la raison de la vérité de la physique de Newton, son sens épistémologique, ses conditions de possibilité etc. Certes, mais elle s’impose absolument en son ordre. Et donc, elle change le statut des rapports entre la science et la philosophie : la philosophie trouve la science déjà là, peut éventuellement discuter son sens, mais qu’elle la trouve déjà- là veut dire qu’elle la trouve en dehors d’elle-même. Cela va être le cas de plus en plus, la spécialisation des savoirs s’installant, et impliquant qu’on ne puisse plus, ou presque plus, avoir les deux casquettes du même mouvement ; Kant a une connaissance de Newton, mais ce n’est plus un créateur en matière de science de la nature proprement dit. C’est un premier bouleversement considérable.

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