Obligation/contrainte
Mis à jour le vendredi 1er janvier 2016 , par
Définition (TLFI)
Une obligation est un lien moral, religieux ou social, une nécessité ou un devoir par lequel on est tenu de faire ou de donner quelque chose. Une contrainte est une violence physique ou morale exercée contre une personne afin de l’obliger à agir contre sa volonté.
Sens philosophique
Prenons comme point de départ les définitions précédentes. Il est à remarquer que dans l’obligation, on est « tenu de », ce qui montre bien que l’obligation requière une participation de la volonté considérée comme autonome, autrement dit une action libre de la part de celui qui obéit. Complétons la définition en disant que l’obligation ne porte pas seulement sur ce qu’il faut faire mais également sur ce qu’il ne faut pas faire. La définition de la contrainte est plus problématique puisqu’elle fait usage du mot « obliger » tout en déniant toute intervention de la volonté en son autonomie. Il serait plus exact de dire simplement que la contrainte fait agir la personne contre sa volonté. En effet, si l’obligation relève du devoir (auquel il est, en droit, possible de ne pas se soumettre), la contrainte, elle, relève de la nécessité (c’est-à-dire de ce qui ne peut pas ne pas être). C’est pourquoi elle est nécessairement violente. On peut la définir ainsi : la contrainte est ce qui empêche toute manifestation de la liberté d’action d’un individu. La contrainte est par conséquent de l’ordre de la nécessité, de telle manière qu’il est impossible à l’individu de s’y soustraire.
Exemple
Dans le Contrat social, Rousseau émet une critique du prétendu « droit du plus fort ». Selon lui, le fait de céder à la force ne saurait relever du devoir, autrement dit de l’obligation. Cela relève au contraire de la nécessité, c’est-à-dire de la contrainte. En effet, le « droit du plus fort » n’est pas distinct de la supériorité de la force elle-même puisqu’il suffit qu’une force plus grande s’impose pour qu’elle soit détentrice de ce droit, qui par conséquent n’en est pas un. « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. »
Pour aller plus loin
Nous avons vu que dans la toute première définition que nous avons donnée de la contrainte, celle-ci était définie en référence à l’obligation. La raison de cet emploi réside dans le fait que, dans le langage courant, le terme d’obligation a très souvent le sens d’une nécessité. C’est ainsi que l’on peut dire qu’on « oblige un enfant à travailler » ou encore qu’ « il est obligé que le verre casse si je le fais tomber par terre ». Cet usage tend donc à effacer la distinction entre l’obligation et la nécessité, et par conséquent entre l’obligation et la contrainte (en tant que celle-ci est une forme de la nécessité)