Objectif/subjectif

Mis à jour le vendredi 1er janvier 2016 , par Boris Debot

Définition (TLFI)

Est objectif ce qui existe en soi, indépendamment du sujet pensant. Plus généralement, est objectif ce qui fait référence à la réalité extérieure, indépendante des consciences. Est subjectif ce qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul (synonyme : individuel) ; ou encore ce qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit.

Sens philosophique

Il est nécessaire de distinguer deux dimensions distinctes de l’opposition de l’objectif et du subjectif. Si l’on définit l’objectivité comme ce qui renvoie à une réalité subsistant en elle-même, une réalité indépendante de toute connaissance, donc de tout sujet, alors la subjectivité désignera au contraire tout ce qui est de l’ordre de l’idée, de la perception, etc. autrement dit tout ce qui appartient au domaine de l‘expérience. Si, au contraire, on prend pour définition de la subjectivité ce qui ne vaut que pour un individu, alors l’objectivité désignera ce sur quoi tous les individus s’accordent. En ce sens, ce qui est objectif au second sens (car partagé par tous) sera néanmoins considéré comme subjectif dans le premier sens (car dépendant de la connaissance).

Exemple

La science moderne a pu se présenter comme une tentative pour rendre compte des phénomènes objectifs au sens d’indépendants de toute expérience. C’est ainsi qu’Ampère affirmait que « les lois mathématiques du mouvement des astres réglaient leur mouvement depuis que le monde existe et bien avant que Kepler ne les ait démontrées ». Concernant le subjectif au sens de ce qui est propre à un individu, il n’est pas difficile de trouver des exemples ; pensons par exemple à toutes les données individuelles auxquelles nous accédons par introspection. Prenons enfin un exemple ce qui peut être subjectif en un sens et objectif en un autre. En philosophie (avec Locke notamment), on a appelé qualités premières (étendue, figure, solidité) sont celles dont on fait l’expérience directe et dont on peut affirmer qu’elles appartiennent à l’essence de la chose. Au contraire les qualités secondes dépendent étroitement de l’expérience que nous en faisons par l’entremise de nos sens, de nos modifications internes ; à ce titre on peut juste faire de l’objet la cause de ces qualités mais non pas dire que ces qualités appartiennent à son essence. Les qualités secondes (couleur, odeur, son, etc.) sont subjectives au sens où elles n’existent pas en dehors du sujet percevant mais elles peuvent également être objectives si l’on considère qu’elles ne diffèrent pas d’un individu à l’autre (ce qui bien évidemment n’est qu’une hypothèse).

Pour aller plus loin

On peut défendre l’idée que la science ne consiste pas tant dans une découverte et une explication de phénomènes objectifs ayant existé de tout temps que dans des processus d’objectivation. On affirme alors que la science est une construction humaine, cela ne menaçant en rien son objectivité. C’est ce qu’on appelle le constructivisme.