Médiat/immédiat

Mis à jour le vendredi 1er janvier 2016 , par Boris Debot

Définition (TLFI)

Est médiat ce qui n’est pas en rapport avec autre chose ou qui ne s’effectue que par un intermédiaire. Est immédiat ce qui ne comporte ni agent ni moyen intermédiaire.

Sens philosophique

En philosophie, on dit qu’est médiat ce qui est en relation avec un autre terme par l’intermédiaire d’un troisième terme. Plus généralement, est médiat ce qui est conditionné ou dépend d’autre chose. La médiation en ce sens est l’action qui met en relation deux termes (qui sans cela demeurerait séparés) par la position d’un intermédiaire. La médiation est essentielle dans la dialectique de Hegel : le moment intermédiaire (moment négatif) révèle l’opposition de deux termes et par conséquent leur dépendance mutuelle, leur réciprocité devant ouvrir sur une unité supérieure. Est immédiat au contraire ce qui met en relation deux termes sans interposition d’un troisième terme. Par exemple, une connaissance est immédiate lorsqu’il n’y a pas d’intermédiaire entre le sujet connaissant et l’objet connu. Elle s’oppose en cela à la connaissance discursive.

Exemple

Imaginons que je fasse bouillir de l’eau. Si je prends connaissance du fait que l’eau est en ébullition en constatant que la casserole a débordé, cette connaissance sera médiate ; au contraire, si je suis attentif et perçoit directement l’eau bouillir, cette connaissance pourra être dite immédiate. Imaginons que je marche dans la rue, butte sur un obstacle, tombe et me fais une entorse ; cette dernière sera une conséquence immédiate de ma chute ; par contre, mon retard ou mon absence à mon rendez-vous sera une conséquence médiate. Pensons à présent à la connaissance que nous avons de nous-même. Pour Descartes, cette connaissance, se révélant dans la pensée est immédiate : « Par le nom de pensée ; je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous l’apercevons immédiatement ». Au contraire, cette connaissance est, pour Sartre, médiate, puisqu’elle dépend de ce « médiateur » qu’est autrui. Empruntons enfin un exemple à la logique. Dans le syllogisme aristotélicien, le « moyen terme » (assurant la médiation- est celui qui est commun à chacune des prémisses (majeure et mineure) et qui rend possible la conclusion. Par exemple : « Tous les hommes sont mortels » (majeure), « Socrate est un homme » (mineure), « Socrate est mortel » (conclusion). Le moyen-terme est ici le mot « homme ».

Pour aller plus loin

On remarquera que ce que nous appelons les médias (télévision, radio, etc.) tirent leur nom du mot latin medium qui signifie ce qui occupe une position moyenne, intermédiaire. Un média, c’est en effet le « moyen terme » entre deux termes que sont les individus ou le public et les informations (notons à ce titre que, sans cette médiation, on ne pourrait pas parler d’information puisque c’est justement le media qui confère sa forme à ce qui est communiqué)