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Faire de la philosophie en Guyane

Lettre de l’inspection générale de philosophie aux correcteurs du Baccalauréat

Chers Collègues,

La philosophie, la nature de l’épreuve et les principes de sa correction interdisent d’apprécier les copies d’après leur conformité à une interprétation du sujet à traiter ou à une orientation qui seraient imposées. La notation des copies ne peut résulter de l’utilisation d’une grille de correction appliquée uniformément à tous les devoirs et établissant d’avance, avec un barème chiffré, ce que l’on devrait trouver dans le traitement du sujet et ce qui devrait en être exclu. C’est pourquoi chaque correcteur doit s’attacher à discerner dans chaque copie la façon, parfois inattendue mais néanmoins légitime, dont le sujet a été compris, et le problème, posé et traité. Dans son appréciation, le correcteur admettra qu’il existe, sur un même sujet, plusieurs manières de conduire la pensée.
La qualité du service public du baccalauréat et la nécessité, pour chaque correcteur, de fixer, dans un travail en commun, ses normes d’appréciation, rendent indispensable la réunion de commissions d’entente et d’harmonisation. Ces commissions réunissent, comme l’exigent l’intérêt des candidats et la nature de la discipline, l’ensemble des correcteurs de l’épreuve ; elles font partie intégrante de l’évaluation.

Réunion d’entente

Le but de cette réunion est de préparer une évaluation équitable.
A cette fin, les correcteurs participent à un exercice réel de correction de quelques copies lues et appréciées en commun afin de s’accorder progressivement sur la notation. Il convient également de procéder à un échange sur la manière dont les divers correcteurs comprennent eux-mêmes le traitement des sujets. La nécessité que tous prennent connaissance du point de vue de chaque correcteur doit, dans ces conditions, conduire chacun à en tenir compte dans son jugement, et non pas à participer à l’élaboration d’un corrigé de référence, jamais opposable en droit.

Réunion d’harmonisation

Le but de cette réunion est, quelques jours avant les délibérations, que chacun puisse vérifier l’équité de la notation qu’il propose. On comparera les moyennes, les médianes, les répartitions des notes. Par la lecture de copies caractéristiques de leur notation, les correcteurs s’assureront que celle-ci n’est pas relative à leur seul paquet mais peut s’inscrire dans une échelle commune à tous.
On n’hésitera pas à utiliser toute l’étendue de l’échelle des notes (de 0 à 20), et notamment à valoriser de manière significative les meilleures copies. On réservera les notes faibles ou très faibles (de 5 ou 4 à 0) aux copies particulièrement défaillantes du point de vue de la correction, de la cohérence ou de la pertinence du propos. Il est souhaitable que les copies auxquelles une note particulièrement basse aura été attribuée fassent l’objet d’un examen par au moins un autre correcteur. Une copie où se reconnaît un incontestable effort pour rédiger correctement, composer, mettre en œuvre une réflexion et une argumentation ne mérite pas une note faible, même si le sujet n’est pas compris dans toute son extension. On recueillera plusieurs avis sur les copies jugées embarrassantes. De façon générale, on s’attachera à discerner dans la copie, et on valorisera, tout ce qui manifeste la mise en œuvre d’une interrogation, l’effort pour conduire une réflexion instruite et fonder un jugement.
Chacun des correcteurs prendra donc soin d’apporter toutes ses copies. L’importance de la tâche justifie qu’on lui consacre un temps consistant.

Ces réunions mettent ainsi en œuvre entre correcteurs de la discipline un principe de collégialité. C’est ce même principe qui vaut entre les disciplines lors de la délibération du jury. C’est pourquoi ces réunions sont strictement obligatoires.

Bien cordialement à vous,

Franck LELIÈVRE
IA-IPR de Philosophie
Agnès PIGLER
Professeur en classe préparatoire et chargée de mission d’inspection.