Formel/matériel

Mis à jour le mardi 1er septembre 2015 , par Boris Debot

Définition (TLFI)

Est formel ce qui est relatif à la forme. La forme, c’est l’ensemble de traits caractéristiques qui permettent à une réalité concrète ou abstraite d’être reconnue. Est matériel ce qui est relatif à la matière. La matière (dans son opposition à la forme), c’est l’élément déterminable dont une chose est faite ; ou les données de l’expérience sensibles ; ou encore le contenu de ce qui peut être un objet de pensée

Sens philosophique

Pour Aristote, la forme est la cause première ou le principe d’unité d’un être. Elle informe la matière, celle-ci étant le substrat, le sujet (hupokéimenon), le quelque chose qui reçoit les changements et est susceptible d’individuation. En ce sens, la matière n’est pas nécessairement sensible ; par exemple, les êtres mathématiques ont pour substrat une matière intelligible. Kant distingue quant à lui au sein de la connaissance, sa forme et sa matière. Sa matière, ce sont les données sensibles que l’esprit reçoit passivement de l’objet. Sa forme, c’est ce qui provient du sujet lui-même et lui permet d’ordonner le divers de la sensibilité. La forme est donc conférée par l’esprit ; elle est a priori en ce sens qu’elle précède toute expérience et rend possible celle-ci. D’une manière similaire, la morale de Kant est une morale formelle dans la mesure où elle ne formule que les maximes d’actions, celles-ci étant indépendantes des actes singuliers eux-mêmes et de leur contenu. En logique, sont distinguées la vérité formelle et la vérité matérielle. La première ne se réfère qu’aux lois nécessaires de la pensée, à la validité des raisonnements, et étudie les propositions et leurs rapports indépendamment de leur contenu. La seconde renvoie au contraire à la conformité du raisonnement par rapport aux faits, au réel. On peut enfin évoquer la grammaire formelle qui s’intéresse à la structure du langage s’en tenir compte de la signification de ses éléments.

Exemple

Reprenons la distinction entre matière et forme établie par Aristote en présentant tout d’abord un exemple simple, celui d’une statue en marbre ; la matière de celle-ci est le marbre ; quant à sa forme, c’est la figure que lui a donné le sculpteur (et sans laquelle elle ne serait pas une statue mais un simple bloc de marbre). Prenons à présent un exemple plus complexe : qu’est-ce qu’un homme lettré ? C’est un substrat ou une matière, l’homme, qui a reçu une forme, « lettré ». Mais l’homme peut à son tour être considéré comme une combinaison de forme et de matière. C’est une matière, la chair et les os, qui a reçu la forme qui fait d’elle un homme. On voit donc selon le point de vue que l’on adopte qu’une même chose pourra être dite tantôt matière, tantôt forme.

Pour aller plus loin

À propos de la morale kantienne, on pourra se poser la question de savoir si son formalisme, autrement dit son détachement à l’égard de l’existence concrète, ne la rend pas par là même impuissante à déterminer concrètement des actes.