Essentiel/accidentel
Mis à jour le mardi 1er septembre 2015 , par
Définition (TLFI)
Est essentiel ce qui relève de l’essence. Dans son sens le plus propre, l’essence, c’est ce qu’un être est. Plus couramment, l’essence est le caractère ou qualité propre et nécessaire d’un être ; c’est l’ensemble des caractères constitutifs de quelque chose. Est accidentel ce qui est de l’ordre de l’accident au sens où cela n’appartient pas à l’essence d’une chose
Sens philosophique
L’essence (ousia en Grec, mot qui signifie aussi substance) désigne ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est ou encore ce pourquoi une chose est ce qu’elle est et non autre chose. On peut dire plus simplement que c’est la nature de cette chose (« nature humaine » et « essence de l’homme » sont en ce sens synonymes). L’essence désigne les propriétés ou caractéristiques appartenant nécessairement à un être. Chez Aristote, l’essence s’exprime dans la définition. Celle-ci se compose d’un genre et d’une différence spécifique. Le genre de l’homme est « animal », mais sa différence à l’égard des autres animaux est qu’il est « doué de raison ». Son essence est donc « animal doué de raison » (« animal raisonnable). Les propriétés essentielles sont donc des propriétés persistantes ou éternelles. L’accident désigne au contraire ce qui peut ne pas appartenir à la chose, ce qui peut être modifié ou disparaître dans le temps. C’est, selon Aristote, « ce qui appartient à une chose et qu’on peut dire vrai d’elle, mais non de façon nécessaire ni de façon générale ». Ainsi, si, en plantant un arbre, je découvre un trésor, cette découverte est accidentelle (car elle n’aura pas lieu à chaque fois !)
Exemple
Pensons à Socrate. Son essence est d’être un homme, c’est-à-dire un animal raisonnable. Notons que pour Aristote, « homme » est une espèce dernière qui ne peut donc pas jouer à son tour le rôle de genre (à la différence par exemple de « animal « qui est une espèce du genre « vivant » mais en même temps est genre de l’espèce « homme »). Sous l’espèce « homme », il n’y a que des individus (Socrate, Platon, etc.) différant entre eux non pas spécifiquement (selon l’espèce) mais numériquement. Revenons à Socrate : sa taille, la couleur de sa peau ou de ses cheveux n’entrent pas dans son essence car ce sont des propriétés contingentes qui pourraient ne pas appartenir à Socrate sans que celui-ci cesse pour autant d’être Socrate. Il en va bien évidemment de même pour le fait par exemple, qu’en ce moment, Socrate soit assis ou encore qu’il soit malade.
Pour aller plus loin
Dans sa division de l’essence et des accidents, Aristote avait d’une certaine manière introduit une catégorie intermédiaire : les accidents par soi. Ceux-ci sont des caractéristiques qui, sans définir essentiellement la chose, ne cessent pourtant de l’accompagner, en dérivent nécessairement. Par exemple, que la somme des angles d’un triangle soit égale à deux angles droits est un tel accident par soi.