En théorie/en pratique
Mis à jour le vendredi 1er janvier 2016 , par
Définition (TLFI)
Est en théorie ce qui relève de connaissances abstraites, spéculatives, indépendantes des applications. Est en pratique ce qui vise à appliquer une théorie ou qui recherche des résultats concrets, positifs.
Sens philosophique
La théorie est de l’ordre de la connaissance, plus particulièrement d’une connaissance désintéressée en ce sens qu’étant non appliquée elle ne procure pas d’avantages matériels à celui qui la cultive. La pratique, quant à elle, relève de l’action et vise l’utilité et l’efficacité. Elle peut consister en une application de la théorie à des cas concrets (ex : la physique appliquée par rapport à la physique pure) mais peut également lui être étrangère ; elle s’appuie alors sur l’expérience, sur le savoir-faire, etc. C’est ainsi qu’Aristote distinguait le savoir théorique (ayant pour objet les choses nécessaires) et le savoir pratique (ayant pour objet les choses contingentes) orientant l’action politique et éthique. L’opposition de la théorie et de la pratique ne signifie pas cependant l’absence de tout lien. Kant (Sur le lieu commun : il se peut que ce soit juste en théorie, mais en pratique, cela ne vaut point) affirme qu’il existe un passage entre la théorie et la pratique, passage opérée par le jugement en ce sens que celui-ci permet de savoir « si quelque chose est ou non le cas qui tombe sous la règle ».
Exemple
On peut concevoir la sagesse comme un état ou une disposition dans laquelle s’identifient théorie et pratique. En effet, la sagesse repose sur un authentique savoir (c’est ainsi que les stoïciens la définissaient comme « la science des choses divines et humaines ») mais c’est un savoir qui ne vaut qu’en tant qu’il s’exerce, qu’il est mis en pratique, ou plus exactement c’est un savoir théorique qui n’existe que dans la pratique (cette pratique ne pouvant donc pas être considérée comme une simple application)
Pour aller plus loin
La pratique politique peut-elle être guidée par des principes théoriques ou exige-t-elle avant tout l’expérience répétée de situations concrètes ? Autrement dit, la pratique politique peut-elle être l’application directe de la théorie politique ? Ne risque-t-on pas ainsi de poser un idéal qui ne pourra jamais être atteint ? Les passions humaines, le « hasard » des conjonctures, etc. ne brisent-ils pas tout espoir d’une conformité de la pratique avec la théorie ?