En acte/en puissance
Mis à jour le mardi 1er septembre 2015 , par
Définition (TLFI)
L’acte, c’est la manifestation concrète des pouvoirs d’agir d’une personne, de ce que fait une personne. En ce sens, acte est synonyme d’action. Le dictionnaire fait également référence à la signification métaphysique : est en acte ce qui existe réellement avec toutes ses déterminations et tous ses pouvoirs. La puissance est la faculté ou la capacité de produire un effet. Au sens métaphysique, être en puissance c’est être potentiellement ou virtuellement susceptible d’acquérir telle ou telle détermination.
Sens philosophique
Précisons les définitions métaphysiques données ci-dessus. Il est nécessaire de distinguer puissance passive et puissance active. La puissance passive est une potentialité qui exige l’intervention d’un agent extérieur pour se réaliser, pour être en acte. Ainsi, un morceau de pierre est une statue en puissance, mais elle nécessite d’être actualisée par le sculpteur. La puissance active est quant à elle une potentialité qui se réalisera d’elle-même. Ainsi la graine est une plante en puissance dans la mesure où c’est en vertu de son propre principe de croissance qu’elle le deviendra. On peut également parler d’un acte pur ; celui-ci désigne l’état d’un être ou d’une substance qui ne contient rien qui soit encore en puissance ; tel est le cas du Dieu d’Aristote.
Exemple
La distinction entre être en acte et être en puissance peut être mobilisée à divers niveaux et ce parfois même pour une seule faculté. Suivons à ce titre un exemple d’Aristote : on peut dire que tout homme est en puissance un musicien dans la mesure où il est donné à chacun de nous d’apprendre à jouer de la musique. Ainsi nous actualisons cette capacité par l’apprentissage : c’est l’acte premier. Mais en un second sens demeure une distinction entre le fait d’être, en puissance, capable de jouer telle sonate et le fait de la jouer réellement, actuellement : cette réalisation effective est l’acte second.
Pour aller plus loin
La question de la différence entre l’acte et la puissance, thématisée pour la première fois par Aristote, a suscité de nombreux questionnements philosophiques. N’en citons qu’un : celui de la différence entre infini en acte et infini en puissance. Supposons une ligne, au sens mathématique. Dans quelle mesure est-elle infinie ? L’est-elle réellement, actuellement ? N’est-ce pas seulement parce que l’opération qui consisterait à la diviser n’aurait pas de terme, qu’on dira cette ligne infinie, auquel cas on parlera d’un infini en puissance ? Autrement dit, la question qui se pose est de savoir si l’infini peut-être défini en dehors de la multiplicité de ses parties, de la sommation de ses éléments, donc d’une détermination numérique.